Par l'Association canadienne pour la santé mentale, avec le soutien de kinésiologues
Les émotions jouent un grand rôle dans notre vie, dans nos actions et nos relations. Pourtant, la plupart d’entre nous en connaissent étonnamment peu sur leurs propres émotions, leur façon de les vivre et ce qui les fait naître. Certains psychologues diraient que ce phénomène dénote un faible niveau de « littératie émotionnelle ».
Les émotions jouent un grand rôle dans notre vie, dans nos actions et nos relations. Pourtant, la plupart d’entre nous en connaissent étonnamment peu sur leurs propres émotions, leur façon de les vivre et ce qui les fait naître. Certains psychologues diraient que ce phénomène dénote un faible niveau de « littératie émotionnelle ».
Ce développement entravé des aptitudes émotionnelles fait en sorte que nous sommes mal outillés pour gérer les diverses émotions que nous vivons quotidiennement, et encore moins celles vécues durant une pandémie. Certaines techniques sont importantes pour une bonne santé mentale : nommer, exprimer et réguler nos émotions, celles que nous aimons et celles que nous aimons moins. Si vous en découvrez plus sur vos émotions et apprenez à les nommer, à les exprimer et à les gérer, vous pourrez les utiliser pour mieux profiter de la vie au quotidien, prendre de meilleures décisions et vous sentir plus à l’aise.
Que sont les émotions?
Les émotions agissent comme des sortes de panneaux de signalisation ou de feux de circulation internes dont les signaux lumineux clignotent dans différentes parties du corps, et de différentes façons. D’une part, il y a une composante subjective. C’est ce que vous ressentez dans le moment présent, ou ce qu’on pourrait appeler la joie, la tristesse ou encore la peur. D’autre part, il y a une composante physiologique, qui entre en jeu par la façon dont votre corps réagit à ce que vous ressentez (p. ex. : dents serrées ou cris de joie). Enfin, il y a souvent une composante comportementale, qui est représentée par les actions que vous posez pour réagir à ce que vous ressentez.
Comment le corps ressent-il les émotions?
Les émotions se manifestent physiquement de diverses façons. Votre respiration ou votre rythme cardiaque pourraient s’accélérer ou ralentir. La température de votre corps pourrait diminuer ou augmenter, vous donnant la sensation d’avoir chaud ou froid. Vos expressions faciales et votre langage corporel pourraient changer. Par exemple, le froncement des sourcils et l’affaissement des épaules sont des manifestations physiques de la frustration. Enfin, les émotions peuvent déclencher des mouvements, comme le tapement du pied ou l’entortillement des cheveux autour du doigt, lorsque vous ressentez de la nervosité ou de l’impatience.
Pourquoi ressentons-nous des émotions?
Avant tout, nous croyons que les émotions découlent d’un processus évolutif. Parmi nos ancêtres, ceux qui ressentaient de la peur et s’enfuyaient (feux rouges!) à la vue de tigres survivaient, alors que ceux qui ne ressentaient rien périssaient.
En d’autres mots, les émotions servent en quelque sorte de facteurs motivants. Nous sommes amenés à poser des gestes qui nous font ressentir des émotions agréables (feux verts!) et à éviter ceux qui nous font ressentir des émotions désagréables. Encore une fois, ce phénomène joue un rôle clé dans la survie de l’être humain, car ses émotions l’amènent à chercher de la nourriture, à éviter le danger et à se reproduire.
Les émotions nous aident aussi à communiquer entre nous et à collaborer, ce qui est essentiel pour contribuer au bon fonctionnement de notre société.
En quoi cela aide-t-il de nommer ses émotions?
L’expression des sentiments par les mots peut réduire l’intensité des émotions négatives et les rendre plus gérables.
Par exemple, une étude sur la phobie des araignées a révélé que, lorsque les participants décrivaient l’anxiété qu’ils ressentaient lorsqu’ils étaient en présence d’une tarentule géante, ils étaient mieux outillés pour gérer leur anxiété la semaine suivante, de nouveau en présence du gros insecte. En fait, les participants ayant décrit leur anxiété avec plus de détails ont ressenti le niveau d’anxiété le plus faible, ce qui a impliqué une diminution des réactions physiques, comme des paumes moins moites.
Mettre des mots sur les émotions diminuerait l’activité dans l’amygdale, la partie du cerveau responsable des réactions à la peur et au stress, et augmenterait l’activité dans les régions du contrôle préfrontal, les parties du cerveau associées à la régulation et à la rationalisation des émotions.
Comment les émotions nous lient-elles les uns aux autres?
D’après Marc Brackett, chercheur dans le domaine des émotions et fondateur du Yale Centre for Emotional Intelligence, nommer nos émotions nous aide à décrire ce que nous ressentons intérieurement, ce qui nous aide à obtenir du soutien des autres. Il est impossible de comprendre les émotions des autres sans d’abord comprendre les nôtres, alors le fait de posséder un vocabulaire pour décrire les émotions nous permet d’offrir un soutien qui correspond aux émotions de la personne concernée, de nouer des liens, de compatir avec elle et de résoudre des problèmes ensemble.
En comprenant mieux nos émotions, en devenant plus conscients de leurs effets et en mettant des mots sur celles-ci, nous gagnons les compétences nécessaires pour comprendre ce que nous ressentons et agir de façon à contribuer à notre mieux-être émotif dans son ensemble. Voilà le pouvoir d’être au fait de nos émotions.
Références :
https://plato.stanford.edu/entries/emotion/
https://www.psychologytoday.com/ca/blog/the-literary-mind/200911/why-do-we-have-emotions
https://www.scn.ucla.edu/pdf/Torre(2018)ER.pdf
https://www.marcbrackett.com/a-word-is-a-world/
Lieberman, M. D., Eisenberger, N. I., Crockett, M. J., Tom, S. M., Pfeifer,J.H., & Way, B. M. (2007). Putting feelings into words: Affect labeling disrupts amygdala activity in response to affective stimuli. Psychological Science, 18(5), 421–428. Doi:10.1111/j.1467-9280.2007.01916.x